V I E
D ’ A R T H U R
K O E S T L E R

Source : Arthur Koestler, Les Militants, Paris, Editions Mille et une nuits, 1997, n° 149, p. 166-174.

 

1905. Naissance le 5 septembre à Budapest dans une famille juive d’Arthur Köstler, fils d’Henrik Köstler et de Adela Jeiteles. Il écrira plus tard : "Les Juifs sont comme tout le monde, seulement un peu plus".

1914. La famille Köstler traverse de nombreuses difficultés économiques.

1915. Arthur Köstler entre à la Realschule où l’on enseigne sciences et langues modernes.

1918. Pendant la Commune dirigée par Béla Kun, Henrik Köstler est nommé directeur des Produits chimiques de Fribourg. Arthur Köstler participe à diverses manifestations communistes et assiste à la répression et à l’écrasement de la Commune de Budapest.

1919. Les Köstler s’installent à Vienne.

1921. Arthur Köstler rencontre l’écrivain exilé Andor Németh. C’est le début d’une longue amitié.

1922. Etudes d’ingénieur à l’Ecole polytechnique de Vienne. Köstler fait partie d’une Burschenschaft, une association universitaire sioniste.

1923. Köstler devient président de l’ensemble des Burschenschaften sionistes d’Autriche. Son père est ruiné.

1924. Köstler rencontre Vladimir Jabotinsky, le fondateur du mouvement révisionniste sioniste, dont il devient le secrétaire pour une tournée de conférences.

1925. Départ du père de Köstler à Londres. Arthur vit seul dans une pension de famille viennoise. Il abandonne ses études.

1926. Arthur Köstler s’embarque pour la Palestine. Il y mène une existence errante : kibboutz, travaux journalistiques, vendeur de limonade dans les rues. Il devient secrétaire d’un club révisionniste sioniste. Proche de la famine, il rencontre le Dr. von Weisl, correspondant de l’important groupe de presse Ullstein, qui lui permet de publier son premier article dans le journal viennois Neue Freie Presse. Arthur Köstler change son nom en Koestler.

1927. Jabotinsky propose à Koestler le poste de secrétaire général du mouvement révisionniste sioniste international, dont le siège est à Berlin. Il y passe quelques mois. Il entame ensuite une carrière de correspondant de presse au Proche-Orient.

1928. Koestler invente les premiers mots croisés en hébreu dans Doar Hayom, l’un des plus anciens quotidiens hébreux. Il y tient la rubrique Jeux et devinettes.

1929. Il interviewe le roi Fayçal. Lassé de Jérusalem, Koestler demande sa mutation et est envoyé par le groupe Ullstein à Paris.

1930. Devient rédacteur scientifique après son interview du duc de Broglie, Prix Nobel 1929 de physique. Koestler s’installe à Berlin le jour où le parti nazi passe de douze à cent sept sièges au Reichstag. En charge de la rubrique scientifique de la Vossische Zeitung, il interviewe de nombreuses personnalités et participe à l’expédition polaire du Graf Zeppelin. Le 31 décembre, il adhère au Parti communiste allemand qui lui demande de garder secrète son adhésion et de continuer à travailler pour le groupe Ullstein.

1932. Accusé de propagande, il est congédié du groupe Ullstein. En juillet, il part en Russie en tant que journaliste de la presse "bourgeoise", en réalité il y est pour le compte de l’Agitprop Komintern. Voyages à travers l’Ukraine, le Caucase, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Turkménistan. Il est surveillé par le GPU, fait de nombreuses rencontres, dont celle du poète noir américain Langston Hugues. Il se lie d’amitié avec Alexandre Weissberg, physicien autrichien qui l’hébergera.

1933. Koestler retrouve Weissberg à Kharkov. Le 27 février, il apprend la nouvelle de l’incendie du Reichstag. En avril, il achève la rédaction de son livre Journées rouges, refusé par la censure soviétique. Sur ordre du Komintern, il rejoint Paris qui devient le point de ralliement des exilés allemands antifascistes, après un court séjour à Budapest. En septembre, il est membre à part entière du "trust Münzenberg". Münzenberg, maître de la propagande du Komintern, mobilise toute l’énergie de ses réseaux pour contrer la propagande nazie, particulièrement au moment du procès de l’incendie du Reichstag.

1934. Koestler démissionne du "trust Münzenberg", ne voulant pas devenir salarié du Parti. Il rédige, pour des raisons alimentaires, une Encyclopédie de la vie sexuelle puis entame la rédaction de son premier roman Les Aventures d’exil du camarade Cui-Cui, qui sera condamné par l’Association des écrivains allemands en exil, noyautée par le Komintern. Idée de suicide, grande pauvreté, presque sans domicile fixe, Koestler tombe dans une période de dépression intense. Il travaille comme bénévole à l’Institut pour l’étude du fascisme, une organisation du Komintern. Rencontre Dorothe Ascher, membre du KPD. Koestler entame la rédaction de Spartacus. Il collabore à divers journaux contrôlés par le Parti qui l’envoie en mission dans la Sarre.

1935. Koestler et Dorothe Ascher s’installent à Zürich où ils se marient en mars. Münzenberg, qui dirige les Editions du Carrefour, refuse de publier Spartacus. Différents travaux alimentaires.

1936. Plutôt que de s’engager directement dans l’armée républicaine espagnole, Münzenberg propose à Koestler de rejoindre l’Espagne en sa qualité de correspondant officiel des journaux "respectables" Pester Lloyd (hongrois) et News Chronicle (anglais). Koestler part pour l’Espagne via le Portugal. Le consul de Hongrie lui obtient des lettres de recommandations de deux des chefs de la conspiration franquiste. Il interviewe le général Queipo de Llano, l’un des chefs de la rébellion. Parallèlement à son travail de journaliste, Koestler cherche à amasser le maximum de preuves sur la participation des nazis à la guerre d’Espagne. Il revient à Paris où il écrit L’Espagne ensanglantée.

1937. Retour de Koestler en Espagne. Il part pour Malaga où l’offensive franquiste le surprend. Il est arrêté, transféré à la prison de Séville et mis au secret pendant plus de deux mois. Les franquistes font planer sur lui une menace de condamnation à mort. Une campagne de presse en Angleterre lui permet d’être échangé. Retour de Koestler en Angleterre où il écrit Un Testament espagnol. Reportage au Proche-Orient, en Suisse, à Belgrade, où il rencontre pour la dernière fois ses parents, en Grèce et en Palestine.

1938. Tournée de conférences autour de la parution du Testament espagnol. Malgré la pression des communistes, il refuse de s’associer à la campagne de calomnie contre les membres du POUM, qualifiés par les staliniens d’hitléro-trotskistes. A Moscou, c’est l’heure des grands procès. Après l’exécution de Boukharine, Arthur Koestler rompt avec le Parti communiste. Peu après, il commence la rédaction du Zéro et l’Infini.

1939. Il vit avec Daphne Hardy, jeune sculpteur anglaise, dans un village des Alpes-Maritimes où il poursuit la rédaction du Zéro et l’Infini. Au lendemain de la déclaration de guerre, Koestler décide de rejoindre l’Angleterre pour s’engager dans l’armée britannique. Le 2 octobre, il est arrêté par la police française, parqué au stade Roland-Garros avec de nombreux réfugiés allemands ou apatrides antinazis et finalement interné au camp du Vernet dans les Pyrénées-Orientales.

1940. Grâce à l’intervention d’André Malraux et d’un officier de l’Intelligence Service, Koestler est libéré mais astreint à un rigoureux contrôle judiciaire. Il achève la rédaction du Zéro et l’Infini. Arrêté de nouveau, il s’échappe, s’engage dans la Légion étrangère et traverse la France en déroute. Fin août, après avoir rejoint Marseille, cul-de-sac de l’exil où il retrouve Walter Benjamin, Manès Sperber et bien d’autres, il parvient à s’embarquer sur un bateau à destination d’Oran. Le père de Koestler meurt, Arthur n’apprendra son décès qu’après la guerre. En septembre, il tente désespérément de rejoindre l’Angleterre. Faute de visa, il est coincé deux mois au Portugal où il tente de se suicider. Il finit par s’envoler clandestinement pour l’Angleterre. Il est interné dès son arrivée à Bristol. En décembre, l’édition anglaise du Zéro et l’Infini est publiée. Arthur Koestler est libéré.

1941. Il écrit La Lie de la Terre, récit de son internement au camp du Vernet.

1942. Après avoir été réformé du corps des pionniers dans lequel il s’est engagé l’année précédente, il est employé par le ministère de l’information pour un travail de propagande.

1943. Rédaction de Croisade sans croix.

1944. Rencontre Mamaine Paget chez Cyril Connolly. Il rompt avec Daphne Hardy. Koestler apprend qu’une partie de sa famille a été déportée à Auschwitz. En décembre, il part pour la Palestine ; Chaim Weizman, le futur président de l’Etat d’Israël, le charge de faire accepter l’idée de partition aux différents groupes terroristes juifs.

1945. Publication du recueil d’essais Le Yogi et le Commissaire. Il passe la moitié de l’année en Palestine où il rédige La Tour d’Ezra. Il s’installe avec Mamaine Paget dans une ferme du pays de Galles. Projet avec George Orwell d’une organisation concurrente de la Ligue pour les Droits de l’Homme noyautée par les communistes. Parution de l’édition française du Zéro et l’Infini. Violente campagne du Parti communiste contre Koestler.

1946. Retour à Paris où il assiste aux répétitions de sa pièce Le Bar du crépuscule, montée par Jean Vilar. Intense vie mondaine aux côtés de Sartre, Simone de Beauvoir, Malraux, Camus, Sperber, etc.

1947. Collabore à la BBC. Rencontre Anton Ciliga, dissident yougoslave, auteur d’un témoignage important sur le stalinisme : Dix au pays du mensonge déconcertant.

1948. Koestler devient sujet britannique. Voyages en Italie, aux Etats-Unis. Le 15 mai, l’indépendance de l’Etat d’Israël est proclamée, c’est aussi le début de la première guerre israélo-arabe. Koestler et Mamaine passent plusieurs mois en Israël ; ils rencontrent Ben Gourion et la plupart des acteurs de cette période. En novembre, ils s’installent près de Fontainebleau. Koestler commence la rédaction de Analyse d’un miracle.

1949. Rupture avec Sartre et de Beauvoir. Il écrit Les Militants, qui sera publié dans le recueil collectif Le Dieu des Ténèbres avec André Gide, Ignazio Silone, Richard Wright, Louis Fischer, Stephen Spender. La collection dans laquelle le livre paraît est dirigée par Raymond Aron. Koestler et Mamaine s’installent à Verte-Rive, une villa de Fontaine-le-Port sur les bords de la Seine. Brouille avec Malraux. Mamaine tombe gravement malade, elle est hospitalisée en Angleterre pendant plusieurs mois. Koestler engage une jeune secrétaire sud-africaine, Cynthia Jefferies. Début de la rédaction de La Corde raide, premier volume de ses mémoires, et de son roman Les Hommes ont soif. Il lit le manuscrit de son ami Alexandre Weissberg, L’Accusé, qu’il préfacera.

1950. Mariage de Koestler avec Mamaine Paget. Nouvelles attaques du Parti communiste français contre Koestler. Conférence en Allemagne. Rencontre en Angleterre Bertrand Russel, Graham Greene, le député travailliste Richard Crossman qui préfacera Le Dieu des Ténèbres.

1951. Voyage aux Etats-Unis. Le Zéro et l’Infini, monté au théâtre, obtient un énorme succès. Koestler s’engage pour la création d’un Fonds pour la liberté des intellectuels. En août, le couple Koestler décide de se séparer. Koestler s’installe aux Etats-Unis où il achève la rédaction de La Corde raide.

1952. Koestler décide de partir pour Londres. Il achète une maison à Montpelier Square dans laquelle il vivra jusqu’à la fin de ses jours. Il commence la rédaction de Hiéroglyphes, suite de ses mémoires. Otto Katz, un des anciens compagnons de Koestler à l’époque du Komintern, est pendu à Prague après le procès Slansky.

1953. Divorce de Koestler et de Mamaine Paget.

1954. Séjour à Vienne. Le 2 juin, Mamaine Paget meurt d’une crise d’asthme. Voyage de Koestler en Italie où il retrouve de vieux camarades du camp du Vernet.

1955. Il achève la rédaction de L’Ombre du dinosaure et débute celle des Somnambules dont le mathématicien et mystique Kepler est la figure centrale. Koestler s’engage fermement en faveur de l’abolition de la peine de mort. Il écrit les Réflexions sur la peine capitale.

1956. Koestler est de plus en plus impliqué dans le débat autour de l’abolition de la peine de mort en Angleterre. Octobre : début de la révolution en Hongrie. Koestler cherche à mobiliser l’opinion.

1957-1958. Il achève la rédaction des Somnambules.

1959. Voyages. En Inde, il rencontre de grandes figures mystiques, au Japon, des psychiatres. Les articles qu’il publie sur ces sujets lui serviront de base pour son livre Le Lotus et le Robot.

1960. Il achève la rédaction du Lotus et le Robot et commence celle du Cri d’Archimède.

1961. Publication d’articles sur deux expériences hallucinogènes.

1962. Le gouvernement indien interdit l’importation du livre Le Lotus et le Robot, sous le prétexte qu’il contient "des propos choquants sur Gandhi".

1964. Publication du Cri d’Archimède. Koestler est invité à résider six mois au Centre d’études supérieures des sciences du comportement de l’université Stanford – Palo Alto.

1965. Arthur Koestler épouse Cynthia Jefferies, sa secrétaire depuis plusieurs années. Il s’intéresse de plus en plus aux travaux de neurophysiologie.

1967. Il achève la rédaction du Cheval dans la locomotive.

1968. Il organise le symposium d’Alpbach dont le thème est : Les nouvelles perspectives dans les sciences de la vie. Voyages en Océanie, en Australie et aux Caraïbes.

1969. Début de la rédaction des Call-Girls.

1970-1971-1972. Les Racines du hasard, L’Etreinte du crapaud (roman policier scientifique). Il achève la rédaction des Call-Girls (une satire des milieux scientifiques). Il suit, pour le Sunday Times, le championnat du monde des échecs, qui oppose Boris Spassky à Bobby Fischer à Reykjavik.

1974. Il écrit La Treizième Tribu, son livre sur les Juifs et les Khazars.

1976. Publication de La Treizième Tribu.

1977. Arthur Koestler est atteint de la maladie de Parkinson.

1981. Koestler devient vice-président d’Exit, société qui lutte pour le droit de mourir librement.

1983. Le couple Koestler se suicide dans sa maison de Montpelier Square à Londres. Koestler lègue une somme importante qui servira à créer une chaire de parapsychologie à l’université d’Edimbourg où ses archives sont désormais conservées.

 

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